Page:Histoire de l'Académie Royale des Sciences et des Belles Lettres (1750).djvu/58

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merce Epistolaire pas le moindre indice, qui puisse faire juger que dans ce tems-là il eut seulement pensé à ce principe, quoique ces Lettres renferment plusieurs discussions sur les forces vives & la véritable estimation de l’action. Quand on pense en particulier, que M. de Leibnitz n’a rien caché à M. Bernoulli de tout ce qui pouvoit confirmer sa nouvelle Théorie des forces vives, & démontrer toute l’etenduë de son usage, on ne sçauroit assurèment imaginer aucune raison, pourquoi dans cette conjoncture il auroit voulu lui faire un secret de cet excellent principe.

Ensuite, pour ce qui regarde cette détermination même des lignes courbes, que dècrivent les corps attirés vers un ou plusieurs centres de forces, la Methode maximorum & minimorum, dont il auroit fallu se servir pour la trouver, n’etoit pas alors assez dévelopée, pour mettre en état, quand même cette quantité d’action qu’il faut rendre la plus petite, auroit été connuë, d’en déduire la nature des courbes décrites. Et quoique la gloire de M. de Leibnitz soit fondée sur plusieurs découvertes du premier ordre, le principe de la moindre action n’est assurèment au desous d’aucune d’entr’elles; & il n’y a pas lieu de croire qu’il l’eût négligé au point de n’en faire part qu’au seul M. Hermann.

Toutes ces considérations affoiblissant déjà beaucoup l’autorité du fragment cité, M. le Président de Maupertuis, qui avoit proposé ce principe comme sien, a crû devoir diligemment rechercher tout ce qui pouvoit servi à la vérification du fait, pour se mettre à l’abri de tout soupçon de plagiat. Car, bien qu’il n’existe aucune trace de ce principe dans tous les Ecrits de M. de Leibnitz qui ont vû le jour jusqu’a présent, il étoit pourtant à propos de prévenir l’accusation calomnieuse qu’on auroit pû former, qu’il avoit tiré son principe de la même Lettre de M. de Leibnitz, que quelque hazard auroit fait tomber entre ses mains. Ainsi personne n’etoit plus intéressé que lui à s’assurer de la vérité de cette Lettre. M. de Maupertuis commença donc par