Page:Hoffmann - Contes posthumes, 1856, trad. Champfleury.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mépris, tu parles d’infidélité, de trahison d’une telle manière que je suis obligé de m’appliquer ces mots ! Et cependant je cherche dans tout le domaine des possibilités sans y trouver la cause qui pourrait justifier en quelque facon ta conduite vis-à-vis de ton plus fidèle ami. Que t’ai-je fait ? qu’ai-je entrepris ? qu’est-ce qui t’a blessé ? Ce n’est peut-être qu’un malentendu qui te fais douter un instant de mon affection, de ma fidélité. Je t’en prie, Broughton, explique-moi ce malheureux mystère, sois encore à moi comme tu l’étais.

Davis, qui te remet cette feuille, a ordre de te prier de répondre à l’instant. Mon impatience devient pour moi un affreux tourment.

Menzies.

VII
BROUGHTON À MENZIES.

Et tu me demandes encore en quoi tu m’as offensé ! En vérité, cette candeur sied bien à qui a forfait à l’amitié. Que dis-je ? à l’amitié ? à toutes les lois consignées dans les constitutions civiles, — d’une façon révoltante. Tu ne me comprends pas : eh bien ! je vais te le dire tout haut. Puisse l’entendre le monde entier et frissonner de ton forfait ! Oui, je vais te le dire à l’oreille ce nom qui résume tout ton crime. — Haimatochare ! — Oui, tu l’as nommée Haimatochare, celle que tu m’as ravie, celle que tu caches loin du monde, celle qui est à moi, celle que je tenais à nommer mienne avec une douce fidélité, à nommer mienne dans des annales destinées à durer éternellement. Mais