Page:Hoffmann - Contes posthumes, 1856, trad. Champfleury.djvu/292

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domestiques que celles relatives à la nourriture du corps ?

MOI. — Je l’aperçois. Elle a un éclatant mouchoir citron, ployé à la mode française en turban autour de la tête, et son visage, ainsi que toute sa personne, indique clairement une française. C’est bien certainement une restante de la dernière guerre qui aura su tirer son épingle du jeu[1].

LE COUSIN. — Pas mal deviné. Je gage que l’homme est redevable à quelque branche d’industrie française, lui rapportant un joli profit, de la possibilité où se trouve sa femme de remplir son panier de toutes sortes de bonnes choses. Maintenant elle se perd dans le tourbillon. Tâche donc, cousin, de suivre sa course dans tous ses zig-zags sans la perdre des yeux. Le mouchoir jaune brille devant toi.

MOI. — Dieu ! comme ce brillant point jaune fend la foule ! La voilà déjà près de l’église. — Elle marchande quelque chose près des étalages. — Maintenant, la voilà partie. — Ah ! je l’ai perdue ! — Non, là-bas elle se relève. — Là-bas près de la volaille. — Elle prend une oie plumée. — Elle la tâte en connaisseuse.

LE COUSIN. — Bien, cousin. La fixité du regard fait que l’on voit distinctement. Cependant au lieu de prétendre t’initier si ennuyeusement à un art qui ne peut presque pas s’apprendre, laisse-moi plutôt te faire remarquer toutes ces drôleries qui se déroulent devant nous. Remarques-tu dans ce coin, là-bas, cette dame qui, malgré la foule qui n’est pas trop grande, se fait jour à l’aide de ses deux coudes pointus ?

  1. En allemand : qui a su mettre ici à l’abri de l’inondation son petit agneau.