Page:Hoffmann - Contes posthumes, 1856, trad. Champfleury.djvu/301

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dises sont empilées d’une manière appétissante, et il semble demander certains fruits qui justement ne se trouvent pas à la main. Il est tout à fait impossible de faire un bon dîner sans des fruits au dessert. Il faut donc que notre petite comédienne termine ses empiètes en s’adressant à cette boutique. Une pomme ronde et rouge échappe espièglement de ses petits doigts. — L’étudiant à la redingote jaune se baisse, ramasse la pomme. La petite fée de théâtre fait une gracieuse révérence. — La conversation est en train. — De réciproques conseils et une réciproque assistance à propos d’un choix d’oranges assez difficile complètent une connaissance qui certainement a déjà été commencée ailleurs, car voilà qu’en même temps se conclut un gracieux rendez-vous, qui certainement se répétera en se variant de bien des manières.

MOI. — Que ce nourrisson des Muses batifole et choisisse des oranges tant qu’il voudra, cela ne m’intéresse pas, et d’autant moins, qu’au coin de la façade du théâtre, où les marchandes de fleurs ont leur étalage, l’angélique enfant, la ravissante fille du conseiller secret, vient de reparaître.

LE COUSIN. — Je n’aime pas à regarder du côté de ces fleurs, cher cousin, et pour cause. La fleuriste qui y vend les plus beaux choix d’œillets, de roses et d’autres plantes rares, est une toute belle et toute gentille jeune fille, cherchant à cultiver son esprit ; quand son commerce ne l’occupe pas, elle lit avec attention des livres dont la reliure prouve qu’ils appartiennent au grand corps d’armée esthétique de Kralowski[1], qui répand victorieusement la lumière de l’instruction jusque dans les coins les plus

  1. Cabinet de lecture de Berlin.