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tandis que leurs prêtres et leurs Rois les forcerent de trembler.

Le plus sûr moyen de tromper les hommes, et de perpétuer leurs préjugés, c’eſt de les tromper dans l’enfance : chez preſque tous les peuples modernes, l’éducation ne ſemble avoir pour objet que de former des fanatiques, des dévots, des moines, c’eſt-à- dire, des hommes nuiſibles, ou inutiles à la ſociété ; on ne ſonge nulle part à former des citoyens : les princes eux-mêmes, communément victimes de l’éducation ſuperſtitieuſe qu’on leur donne, demeurent toute leur vie dans l’ignorance la plus profonde de leurs devoirs et des vrais intérêts de leurs états ; ils s’imaginent avoir tout fait pour leurs ſujets, s’ils leur font remplir l’eſprit d’idées religieuſes, qui tiennent lieu de bonnes loix, et qui diſpenſent leurs maîtres du ſoin pénible de les bien gouverner. La religion ne ſemble imaginée que pour rendre les