Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/30

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Qui touteſfois ne fut d’autre cognue
Que de luy ſeul. Si luy dict : Ta venue,
Dame Pallas divine geniture,
Eſt-elle icy pour cognoiſtre l’injure
Qu’Agamemnon me faict : apertement ?
Laiſſe moy faire, & tout ſubitement
Tu le verras, par ſa grande ſuperbe,
Eſtre ſans teſte, & tomber deſſus l’herbe.
    Venue ſuis icy (dict lors Pallas)
Pour à ton dueil donner quelque foulas,
Si ainſi eſt, qu’il ne te ſoit moleſte,
De te regir par le conſcil celeſte.
Dame Iuno, qui vous ayme tous deux,
Appercevant le combat haſardeux,
Qui ſe dreſſoit, m’a faict cy bas venir.
Tant ſeulement pour te faire abſtenir
De le fraper. Or donc je t’admonneſte
De renguainer : car ce n’eſt point honneſte
Revenge toy, luy diſant mainte injure :
Et tien toy ſeur, que ſa grand forfaicture
Sera moyen, que pour les tortz ſouffers,
Il te ſera de tres beaux dons offers
À l’advenir, ſi ton entendement
Veut obeir à mon commandement.
    C’eſt bien raiſon, & plus que neceſſaire,
Dict Achillés, d’entierement parfaire
Ce que les Dieux mettent en la penſée
D’une perſonne : encor que courroucée
Soit à bon droit car leur haulte puiſſance
Ayme ſur tout l’entiere obeiſſance.
Et cil qui n’a leur mandement paſſé,
Sera touſjours en ſes veux exaucé.