Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/36

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Le peuple auſſi, en diverſes manieres,
Feit lors aux dieux requeſtes & prieres.
    Mais pour cela l’ire ne delaiſſoit
Agamemnon, ains plus fort le preſſoit,
Iuſques à tant qu’il euſt Briſeis eue
À ſon vouloir, pour Chryſeis perdue.
Soudainement appella deux heraux,
Qu’il eſtimoit du camp les plus feaux :
L’un dict Talthybe, & l’autre Eurybates,
Auſquelz il diſt. Ô heraulx, eſcoutez,
Allez trouver Achillés en ſa tente,
Et m’amenes toſt à l’heure preſente,
Sa Briſeis, ou ſ’il ne m’envoye,
Ie me mettray incontinent en voye
Pour l’aller querre : & maulgre ſon vouloir
L’ameneray, dont ſe pourra douloir.
Ainſi parla diſant pluſieurs paroles,
Encores plus outrageuſes, & foles.
    Or ſont venus les heraux, en peu d’heure
Au pavillon ou faiſoit ſa demeure
Le vaillant Grec. Mais apres l’avoir veu,
Chacun d’eux fut de grand frayeur pourveu :
Craignans deſplaire à Prince tant puiſſant.
Lequel ſi toſt, qu’il fut les cognoiſſant,
(Combien qu’il euſt triſteſſe en ſon courage)
Les ſalua, & leur feit bon viſaige.
    Approches vous Ô divins rneſſagers,
Approchez vous, ſans craindre nulz dangers.
Ce n’eſt pas vous, à qui faire je doy
Tort de cecy, c’eſt à voſtre fol Roy
Agamemnon qui par ſa tyrannie
Me veult oſter la douce compaignie