Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/39

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De ſ’en venir en ce camp, pour ravoir
Sa belle fille, offrant pour le devoir
De ſa rancon, maint beau preſent honeſte.
Faiſant à tous humblement ſa requeſte,
Et meſmement à cil qui dominoit,
Et la pucelle en ſon vaiſſeau tenoit.
Sur ſoy portoit le digne acouſtrement
Du clair Phœbus : afin que promptement
On l’entendiſt. Et lors fut arreſté,
Qu’on la devoit remettre en liberté,
Et recevoir les beaux dons par eſchange.
Mais noſtre chef trouva l’advis eſtrange :
Et maulgré tous, au vieillard ſ’adreſſa,
Plein de colere, & tres fort le tenſa.
Qui fut marry, ce fut le bon Chryſés,
Voyant ainſi ſes preſentz refuſéz,
Par quoy dreſſa ſa devote priere
Au clair Phœbus, qui ne la mit arriere :
Car en bref temps on veit corps infiniz
De dure peſte affoiblis & terniz,
Lors cognoiſſant le miſerable cas
Des Grecs mourans : que le prudent Calchas
Diſoit venir d’Apollo mal content,
Ie fus celuy qui au peuple aſſiſtant
Perſuaday le Dieu pacifier.
Ce qui deſpleut à l’orgueilleux & fier
Agamemnon : qui ſoudain commenca
À m’outrager, voire & me menaca,
Diſant tout hault : que eſt le ſienne perte,
Seroit en bref deſſus moy recouverte.
Si n’a failly à l’execution.
De ſa perverſe & faulſe intention.