Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/41

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Luy requerant en faveur du ſervice,
Que ſon vouloir vers les Troyerns flechiſſe :
En leur donnant deſormais le courage,
De repouſſer les Grecs iuſqu’au rivage,
Mortz, ou bruſlez, en cruel deſarroy
Souffrans ce mal, à cauſe de leur Roy.
Qui pourra lors avoir la cognoiſſance
De ſon meſchef, & fiere oultrecuydance :
D’avoir ſi peu la proueſſe eſtimée
Du plus vaillant, & meilleur de l’armée.
    Helas mon filz, à quoy t’ay je nourry ?
(Reſpond Thetis ayant le coeur marry,
Et l’œil en pleur) helas que n’eſt ta vie,
(Puis qu’en brefs jours te doit eſtre ravie)
Pleine de joye, & vuide de douleur.
T’ay-ie conceu, cher filz à ce malheur
Ta Deſtinee eſt elle ſi tres griefue,
De te donner vie dolente, & brieſue ?
Puis qu’ainſi va, je feray mon devoir
De te complaire, & le feray ſcavoir
À Iuppiter, en luy perſuadant
Doreſnavant qu’il ſoit ton los gardant.
Mais pour autant qu’il partie avant hier
Avec les Dieux, pour aller au quartier
De l’Ocean, ou les Aethiopiens
L’ont invite & les Dieux anciens
Il reſtera encor à revenir
Par onze jours : Mais j’auray ſouvenir
À ſon retour, de luy faire requeſte.
Or ce pendant, mon filz, je t’admonneſte
De ne vouloir aucunement combatre,
Ains t’efiouir ſur la mer, & eſbatre