Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/44

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Ains à chanter hymnes, & chantz eſtranges,
Pour decorer Apollo de louanges :
Dont le doux chant venant à ſes oreilles,
Luy miniſtroit un plaiſir à merveilles.
    La nuict venue, Vlyſſés ſe coucha
Dans ſa Galere. Et quand l’aube approcha,
Chacun ſ’appreſte à voguer & ramer,
Dreſſans le maſt ſinglant en haulte mer :
Si qu’en bref temps avec l’ayde de Dieu,
Qui leur donna le vent par le milieu
De la grand, voile, ilz vindrent prendre terre,
Droict au beau port, ou ſe faiſoit la guerre.
Luy arrivé, on jecta le vaiſſeau
Diligemment, deſſus le bord de l’eau.
Et cela faict, un chacun ſe retire
Deſſous ſa tente, ou dedans ſon navire.
    Durant cecy Achillés ſe tenoit
Au pavillon, & n’alloit ny venoit,
Fuſt en combat ou bien en aſſemblée,
Tant il avoit ſa penſée troublée,
La conſumoit ſon vaillant perſonnage,
Produict au monde à trop plus digne ouvrage
Ne deſirant, que de voir quelque alarme
Au camp des Grecs, que le Troyen gendarme
Leur vint donner, pour faire un vray diſcours,
Quand, & combien leur valoit ſon ſecours.
    Eſtant deſja le jour prefix venu,
Que Iuppiter ſ’en eſtoit revenu
De l’Occan, du ſolennel feſtin :
Thetis ſortit de la mer un matin,
Monta aux cieux & veit en une part
Aſsis le Dieu Iuppiter à l’eſcart.