Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/46

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Entre les Dieux, diſant que je ſupporte
Ceux de Priam, & leur tiens la main forte.
Pour garder donc, qu’elle ne puſſe entendre
Noſtre deſſeing il t’en convient deſcendre,
En t’aſſeurant avant qu’il ſoit longtemps.
D’executer tout ce que tu pretends.
Et pour oſter la deffiance vaine
De ma promeſſe aſſeurée & certaine,
Ie te ſeray des maintenant un ſigne,
En inclinant bas ma teſte divine :
Signe infallible, & certain en tous lieux
Quand je prometz quelque grand choſe aux Dieux
Soudainement feit ſa teſte branſler,
Et les ſourcilz telement eſbranſler :
Qu’au ſeul mouvoir de ſa perruque ſaincte.
Le grand Olympe en trembla tout de craincte.
    Apres cecy, Thetis ſ’en deſcendit
En mer profonde, & le Dieu ſe rendit
En ſa maiſon, & celeſte contrée :
Ou fut par luy la tourbe rencontrée
Des autres Dieux : qui ſans nul exempter,
Se vindrent tous au devant preſenter
Tres humblernent. Si ſ’aſſiſt parmy eux
Deſſus ſon troſne, inſigne & glorieux.
    Adonc Iuno de grand colere eſpriſe,
Qui la ſcavoit la ſecrete entrepriſe
De Iuppiter, faicte au deſadvantage
Du camp Gregeois, qu’elle avoit au courage :
Incontinent de cœur audacieux,
Luy dict ainſi. Ô Dieu malicieux,
Quelz bons propoz, par ſubtile maniere,
As tu tenus avec la Mariniere ?