Page:Homère - Odyssée, traduction Leconte de Lisle, 1893.djvu/268

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Et, après lui, Odysseus entra dans la demeure, semblable à un misérable et vieux mendiant, appuyé sur un bâton et couvert de vêtements en haillons. Et il s’assit sur le seuil de frêne, en dedans des portes, et il s’adossa contre le montant de cyprès qu’un ouvrier avait autrefois habilement poli et dressé avec le cordeau. Alors, Tèlémakhos, ayant appelé le porcher, prit un pain entier dans la belle corbeille, et des viandes, autant que ses mains purent en prendre, et dit :

— Porte ceci, et donne-le à l’Étranger, et ordonne lui de demander à chacun des Prétendants. La honte n’est pas bonne à l’indigent.

Il parla ainsi, et le porcher, l’ayant entendu, s’approcha d’Odysseus et lui dit ces paroles ailées :

— Tèlémakhos, ô Étranger, te donne ceci, et il t’ordonne de demander à chacun des Prétendants. Il dit que la honte n’est pas bonne à l’indigent.

Et le subtil Odysseus lui répondit :

— Roi Zeus ! accorde-moi que Tèlémakhos soit heureux entre tous les hommes, et que tout ce qu’il désire s’accomplisse !

Il parla ainsi, et, prenant la nourriture des deux mains, il la posa à ses pieds sur sa besace trouée, et il mangea pendant que le divin Aoide chantait dans les demeures. Mais le divin Aoide se tut, et les Prétendants élevèrent un grand tumulte, et Athènè, s’approchant du Laertiade Odysseus, l’excita à demander aux prétendants, afin de reconnaître ceux qui étaient justes et ceux qui étaient iniques. Mais aucun d’eux ne devait être sauvé de la mort. Et Odysseus se hâta de prier chacun d’eux en commençant par la droite et en tendant les deux mains, comme ont coutume les mendiants. Et ils lui donnaient, ayant pitié de lui, et ils s’étonnaient, et ils se demandaient qui il était et d’où il venait. Alors, le chevrier Mélanthios leur dit :