Page:Homère - Odyssée, traduction Leconte de Lisle, 1893.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pleines : et lui-même se renversa en se tordant et en gémissant, et il frappa du front la terre, repoussant un thrône de ses deux pieds, et l’obscurité se répandit sur ses yeux.

Alors Amphinomos se rua sur le magnanime Odysseus, après avoir tiré son épée aiguë, afin de l’écarter des portes ; mais Tèlémakhos le prévint en le frappant dans le dos, entre les épaules, et la lance d’airain traversa la poitrine ; et le Prétendant tomba avec bruit et frappa la terre du front. Et Tèlémakhos revint à la hâte, ayant laissé sa longue lance dans le corps d’Amphinomos, car il craignait qu’un des Akhaiens l’atteignît, tandis qu’il l’approcherait, et le frappât de l’épée sur sa tête penchée. Et, en courant, il revint promptement auprès de son cher père, et il lui dit ces paroles ailées :

— Ô père, je vais t’apporter un bouclier et deux lances et un casque d’airain adapté à tes tempes. Moi-même je m’armerai, ainsi que le porcher et le bouvier, car il vaut mieux nous armer.

Et le prudent Odysseus lui répondit :

— Apporte-les en courant ; tant que j’aurai des flèches pour combattre, ils ne m’éloigneront pas des portes, bien que je sois seul.

Il parla ainsi, et Tèlémakhos obéit à son cher père, et il se hâta de monter dans la chambre haute où étaient les armes illustres, et il saisit quatre boucliers, huit lances et quatre casques épais d’airain, et il revint en les portant, et il rejoignit promptement son cher père. Lui-même, le premier, il se couvrit d’airain, et, les deux serviteurs s’étant aussi couverts de belles armes, ils entourèrent le sage et subtil Odysseus. Et, tant que celui-ci eut des flèches, il en perça sans relâche les prétendants, qui tombaient amoncelés dans la salle. Mais après que toutes les flèches eurent quitté le Roi qui les lançait, il appuya son arc debout contre les murs splendides de la salle solide, jeta sur ses épaules un