Page:Homère - Odyssée, traduction Leconte de Lisle, 1893.djvu/359

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vier, le porcher et les femmes cessèrent de danser, et tous allèrent dormir dans les demeures sombres.

Et après qu’Odysseus et Pènélopéia se furent charmés par l’amour, ils se charmèrent encore par leurs paroles. Et la noble femme dit ce qu’elle avait souffert dans ses demeures au milieu de la multitude funeste des Prétendants qui, à cause d’elle, égorgeaient ses bœufs et ses grasses brebis, et buvaient tout le vin des tonneaux.

Et le divin Odysseus dit les maux qu’il avait faits aux hommes et ceux qu’il avait subis lui-même. Et il dit tout, et elle se réjouissait de l’entendre, et le sommeil n’approcha point de ses paupières avant qu’il eût achevé.

Il dit d’abord comment il avait dompté les Kikônes, puis comment il était arrivé dans la terre fertile des hommes Lôtophages. Et il dit ce qu’avait fait le Kyklôps, et comment il l’avait châtié d’avoir mangé sans pitié ses braves compagnons ; et comment il était venu chez Aiolos qui l’avait accueilli et renvoyé avec bienveillance, et comment la destinée ne lui permit pas de revoir encore la chère terre de la patrie, et la tempête qui, de nouveau, l’avait emporté, gémissant, sur la mer poissonneuse.

Et il dit comment il avait abordé la Laistrygoni Tèlèpyle où avaient péri ses nefs et tous ses compagnons, et d’où lui seul s’était sauvé sur sa nef noire. Puis, il raconta les ruses de Kirkè, et comment il était allé dans la vaste demeure d’Aidès, afin d’interroger l’âme du Thébain Teirésias, et où il avait vu tous ses compagnons et la mère qui l’avait conçu et nourri tout enfant.

Et il dit comment il avait entendu la voix des Seirènes harmonieuses, et comment il avait abordé les Roches errantes, l’horrible Kharybdis et Skillè, que les hommes ne peuvent fuir sains et saufs ; et comment ses compagnons avaient tué les bœufs de Hèlios, et comment Zeus qui tonne dans les hauteurs avait frappé sa nef rapide de la