Page:Homère - Odyssée, traduction Leconte de Lisle, 1893.djvu/373

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que je fusse hier, dans nos demeures, tel que j’étais quand je pris, sur la terre ferme, commandant aux Képhallèniens, la ville bien bâtie de Nérikos ! Les épaules couvertes de mes armes, j’eusse chassé les Prétendants et rompu les genoux d’un grand nombre d’entre eux dans nos demeures, et tu t’en fusses réjoui dans ton âme.

Et ils se parlaient ainsi, et, cessant leur travail, ils préparèrent le repas, et ils s’assirent en ordre sur les siéges et sur les thrônes, et ils allaient prendre leur repas, quand le vieux Dolios arriva avec ses fils fatigués de leurs travaux ; car la vieille mère Sikèle, qui les avait nourris et qui prenait soin du vieillard depuis que l’âge l’accablait, était allée les appeler. Ils aperçurent Odysseus et ils le reconnurent dans leur âme, et ils s’arrêtèrent, stupéfaits, dans la demeure. Mais Odysseus, les rassurant, leur dit ces douces paroles :

— Ô Vieillard, assieds-toi au repas et ne sois plus stupéfait. Nous vous avons longtemps attendus dans les demeures, prêts à mettre la main sur les mets.

Il parla ainsi, et Dolios, les deux bras étendus, s’élança ; et saisissant les mains d’Odysseus, il les baisa, et il lui dit ces paroles ailées :

— Ô ami, puisque tu es revenu vers nous qui te désirions et qui pensions ne plus te revoir, c’est que les Dieux t’ont conduit. Salut ! Réjouis-toi, et que les Dieux te rendent heureux ! Mais dis-moi la vérité, afin que je la sache. La prudente Pènélopéia sait-elle que tu es revenu, ou lui enverrons-nous un message ?

Et le prudent Odysseus lui répondit :

— Ô Vieillard, elle le sait ! Pourquoi t’inquiéter de ces choses ?

Il parla ainsi, et il s’assit de nouveau sur son siège poli. Et, autour de l’illustre Odysseus, les fils de Dolios, de la