Page:Homère - Odyssée, traduction Leconte de Lisle, 1893.djvu/476

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car elles n’ont pas l’esprit sain. Récemment, revenant de la guerre, j’étais très-fatiguée et j’avais besoin de sommeil et, par leur bruit, elles ne m’ont pas laissée fermer l’œil, et je suis restée couchée tout éveillée, ayant mal à la tête, jusqu’à ce que le coq eût chanté. Allons ! ne les secourons donc point, ô Dieux, de peur qu’un d’entre nous soit blessé par un trait aigu et qu’il ait le corps percé d’une lance ou d’une épée ; car les voici ardents au combat, même quand un Dieu viendrait à leur rencontre. Mais, tous, du haut de l’Ouranos, charmons-nous en regardant le combat.

Elle parla ainsi, et tous les autres Dieux lui obéirent et se réunirent tous en un seul lieu.

Et, alors, deux hérauts s’avancèrent, portant le signal du combat, et des Cousins, ayant de grandes trompettes, sonnèrent terriblement le trépignement de la mêlée ; et, de l’Ouranos, le Kronide Zeus tonna, présage de la guerre mauvaise.

Et le premier, Hypsiboas qui crie haut frappa de sa lance Leikhènôr qui lèche l’homme, debout entre les premiers combattants, dans le ventre, en plein foie. Et celui-ci tomba à la renverse, et il souilla de poussière ses poils délicats ; et il tomba avec bruit, et ses armes résonnèrent sur lui.

Et, après celui-ci, Troglodytès l’habitant des trous frappa Pèléiôn le limoneux, et lui enfonça sa forte lance dans la poitrine ; et la noire mort saisit le guerrier tombé et son âme s’envola de son corps. Puis, Seutlaios le poiréen tua Embasikhytros qui trotte en marmite, d’un coup au cœur ; mais la douleur saisit Okimidès l’enfant du basilic, et il frappa Seutlaios le poiréen d’un roseau pointu.

Et Artophagos le mangeur de pain frappa Polyphonos le bavard, dans le ventre, et celui-ci tomba à la renverse, et son âme s’envola de son corps. Mais Limnokharis la grâce du marais voyant périr Polyphonos, et prévenant Troglo-