Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/124

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resta debout des anciennes renommées que celles consacrées par le génie : Corneille, Molière, Racine et Voltaire, non pas le Voltaire des tragédies, mais le Voltaire qui avait créé la langue des idées.

Lamartine fut un maître souverain parce qu’il dora les âmes que l’athéisme révolutionnaire avait appauvries. On peut même dire qu’il refit les âmes d’une génération, en rouvrant les horizons d’un idéal religieux, créant ainsi une muse nouvelle : la Rêverie ; muse mélancolique, revêtue de la robe étoilée de la Nuit. Oui, celui-là refit les âmes à son image. Il était beau, de la beauté grecque et française. Loin de jeter des pierres au Ciel, comme tant de poètes de son temps, il élevait à Dieu le grand autel des inspirations chrétiennes.

On semble douter aujourd’hui de l’influence salutaire de Lamartine sur son temps. Comme le dieu Apollon, il promena partout le char du Soleil sur les cœurs nocturnes qui avaient