Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/133

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jourd’hui, quelques dédaigneux de Lamartine voudraient faire croire que sa facilité est un signe de faiblesse. Ils voudraient que le poète se fût enfermé dans l’antre de Vulcain pour battre et rebattre le fer. Ils oublient que c’est Apollon qui conduit allègrement les muses. À chacun selon ses œuvres. Les inspirés font jaillir les vers comme des flèches d’or ; les acharnés au travail écoutent Boileau qui repolit ses vers même quand il n’y a rien dans ses vers.

Quelle merveilleuse source d’eau vive que le génie de Lamartine, soit qu’il fût à la tribune, ministre des idées, soit qu’il improvisât de la prose ou des vers.

Quand il écrivit l’histoire des Girondins, je lui donnai des lettres de Condorcet, qui était cousin de mon grand-père. Il me retint, un matin, à déjeuner avec lui. En attendant, nous causâmes devant le feu. Il prit une vingtaine de feuilles de papier sur ses genoux et il se mit à écrire, sans pour cela cesser de