Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/155

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douin, pour lui servir de compère. Victor Hugo était tout yeux, tout oreilles. Ce grand esprit se laissa prendre plus tard aux tables tournantes ; mais déjà vers 1834, Esquiros lui fit croire au diable. « Mesdames et messieurs, dit Esquiros aux retardataires, vous ne croyez pas au diable, moi j’y crois de toutes mes forces intellectuelles. Ce jeune peintre de mes amis, ici présent, n’est pas comme vous autres un sceptique. Avec cette aiguille que vous voyez là, je vais lui percer la main sans douleur.

— Sans douleur pour vous, dit Alphonse Karr.

Le peintre ferma les yeux et abandonna bravement sa main ; Esquiros le magnétisa et lui transperça la main en moins de cinq minutes. Les curieux furent tous convaincus, moins Édouard Ourliac et moi. Je dois pourtant dire que l’aiguille avait transpercé la main entre le pouce et l’index. Quelques instants après, Esquiros réveilla le sujet et recueillit avec lui tous les applaudissements.