Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/25

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débitait un sonnet sentimental. Contre son habitude, elle s’était laissée prendre à la poésie du cœur ; un peu plus, elle pleurait avec lui ; mais en le regardant elle avait eu peur de cette tête de moine, quoique cette tête n’exprimât qu’une idée, l’ambition de toute sa vie : la douceur d’être aimé !

La petite Roxelane qui se retrouvait ce jour-là jeune comme à quinze ans devant les efflorescences de la nature, ne demandait qu’à partir pour un voyage dans le bleu ; il s’en fallait de bien peu que dans son expansion elle ne donnât son cœur et ses bras, et ses pâleurs, et ses larmes à Sainte-Beuve. Mais lui seul pleura d’amour.

— Comment ! dis-je à Roxelane, vous ne lui avez pas au moins donné l’illusion.

Mais l’heure de l’expansion était passée. Elle me jeta seulement ces mots cruels :

— Oh ! la ! la ! Pour quoi faire ? J’avais toujours peur d’embrasser un curé déguisé en homme.