Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vain qui a le don, ont senti je ne sais quoi de nocturne autour d’eux.

Qui donc donnera, désormais, l’idée de cet esprit à l’aventure, de cette jeunesse épanouie qui s’appelait Jules Janin ? On a parlé de ses années de collège et de ses années de misère. N’en croyez pas un mot ; il a traversé le jardin des roses de Saadi ; il a étudié l’anthologie avec Horace pour maître d’école ; il a picoré sur tous les chefs-d’œuvre de l’antiquité, ivre et bourdonnant, abeille d’or tour à tour gourmande et savoureuse. Je ne sais pas s’il a jamais mis le pied en la terre ferme, tant il a vécu de la vie idéale, des prismes du rêve, dans le cénacle des anciens, avec sa fenêtre ouverte, comme par échappées, sur le monde de son temps.

Et pourtant, quoiqu’il confondit tous les siècles, comme si le siècle de l’esprit n’en faisait qu’un, il peignait, avec autant de justesse que d’éclat, le tableau de la vie moderne ; il était plus vrai dans sa fantaisie