Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans un coin des jardins de la Muette. Il bâtit lui-même sa maison, comme l’oiseau fait son nid, ne s’inquiétant que de la chambre de sa femme et de la chambre de ses livres.

C’est là que Jules Janin a passé les quinze dernières années de sa vie ; c’est là qu’il a écrit sa traduction d’Horace, son Neveu de Rameau, ses feuilletons des Débats, ses derniers romans ; c’est là qu’il a reçu tout ce que la France compte d’illustrations dans les lettres, dans les sciences, dans les arts. C’est là, pourrait-on dire, qu’il a été nommé à l’Académie française, car Janin a reçu plus de visites académiques qu’il n’en a fait.

Jules Janin rêvait pour son tombeau un petit coin au Père-Lachaise, où ses amis eussent planté un saule, comme au tombeau d’Alfred de Musset ; mais madame Jules Janin aimait trop sa Normandie pour ne pas lui offrir les cendres de son mari. Jules Janin est donc enterré à Évreux, où sa tombe est bien solitaire. Là, pourtant, il a pour ami un jeune