Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/73

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parla d’une dette d’honneur qu’il fallait payer le jour même. Madame Sophie Gay, qui avait passé par tous les drames de la passion, prit en pitié ce désespoir, parce que ce désespoir n’était pas joué. Elle envoya, le dirai-je ? son dernier adorateur à sa fille en la priant d’accourir pour sauver un homme à la mer.

Madame de Girardin accourut sans bien savoir ce qu’elle faisait. On la supplia, on lui baisa les mains, mais elle ne pouvait sauver ni l’honneur ni la raison ; l’amoureux voulait fuir avec elle, elle voulut rester madame de Girardin.

Quand il vit que toutes ses prières étaient vaines, il se donna le luxe de se tuer sous ses yeux. Cet homme se fit justice par un coup de pistolet au cœur.

Madame de Girardin tomba agenouillée et souleva cette tête qui demeura belle et amoureuse jusque dans l’agonie. Ce fut alors que la porte s’ouvrit bruyamment ; un homme apparut, M. de Girardin :