Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/100

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VI.


Les Chinois ont coutume de rendre de grands honneurs à la vieillesse. Tous les ans on choisit les vieillards les plus vénérables non-seulement par leur grand âge, mais surtout par une vie exemplaire. Pour être élu, il faut n’avoir jamais été accusé ni avoir accusé personne devant les tribunaux. C’est là aux yeux des Chinois le vrai cachet du mérite et de la vertu. Les magistrats réunissent annuellement ces beaux vieillards à barbe blanche, et leur font préparer un splendide banquet, où ils les servent eux-mêmes avec tous les témoignages d’un respect tout filial. Or les vieillards de la province de Canton s’étaient beaucoup entretenus, au jour de leur réunion soiennelle, des étrangers de Macao. Ils avaient été vivement émus de ce qu’ils avaient eu l’audace de faire bâtir à Tchao-King des maisons à plusieurs étages et une tour qui avait coûté des sommes considérables. Comme nous l’avons déjà dit, la tour Fleurie avait pris le nom de tour des Étrangers, à cause de son voisinage avec la demeure des missionnaires. Aussi le bruit s’était-il répandu de toutes parts qu’elle était l’œuvre des étrangers de Tchao-King. Cette tour apparaissait aux yeux des vieillards comme une forteresse redoutable, menaçant continuellement la sécurité de la province. Après une longue délibération ils avaient résolu d’adresser à ce sujet une requête au commissaire impérial, visiteur des deux Kouang. Cette pièce chinoise ayant été conservée, nous allons en donner la traduction :