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à manger journellement de l’orge grillée et de la neige. Il faut avoir une santé trempée à toute épreuve pour résister à une pareille traversée, même dans le temps le plus favorable.


V.


Pendant que la caravane attendait l’époque du passage, il arriva dans la vallée des émissaires du roi de Sirinagar, avec ordre de se saisir du P. d’Andrada et de ses compagnons et de les lui amener pieds et mains liés. À cette nouvelle, d’Andrada prit la résolution un peu téméraire de s’échapper secrètement et de traverser le désert, quoique ce ne fût pas encore le moment. Il passa donc la nuit à prendre adroitement les renseignements nécessaires, et se mit en route avant le jour, avec deux domestiques chrétiens et un homme du pays qui devait lui servir de guide. Le frère qui l’accompagnait étant gravement malade, persuadé d’ailleurs qu’il ne lui serait fait aucun mal, préféra attendre le départ de la caravane.

Les quatre voyageurs s’en allaient donc, un long bâton ferré à la main, et portant sur le dos une besace remplie d’orge grillée. Durant les deux premiers jours, ils pressèrent le pas de peur d’être poursuivis par les émissaires du roi de Sirinagar. Mais la neige, venant à tomber en grande abondance, ralentit leur marche. Dans la matinée du troisième jour, ils virent courir derrière eux trois hommes qui ne tardèrent pas à les atteindre. Ils les sommèrent de rebrousser che-