Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/83

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procès eut lieu, et l’on vit le P. Ricci traîné à la barre du tribunal du gouverneur, qui d’abord crut à la calomnie, tant les faux témoins étaient nombreux. Mais Dieu permit que l’intrigue fut découverte. L’accusateur et les faux témoins furent fustigés jusqu’au sang, à coups de bambous, et le P. Ricci renvoyé triomphalement dans sa résidence, où il fut reçu par les catéchumènes avec des transports de joie. Le jour même le gouverneur publia un édit où il faisait un grand éloge du P. Ricci, et menaçait des peines les plus sévères les téméraires qui oseraient à l’avenir troubler son séjour à Tchao-King.


IV.


Cet événement qui paraissait devoir être si funeste à la mission lui fit au contraire de nouveaux amis ; ses relations devinrent de plus en plus nombreuses et considérables. Depuis son arrivée à Tchao-King, le P. Ricci avait eu le temps de connaître le génie de la nation qu’il voulait convertir, et il sentit que le meilleur moyen de s’assurer l’estime des Chinois était de montrer dans les prédicateurs de l’Évangile des hommes éclairés, voués à l’étude des sciences, et bien différents en cela des bonzes du pays, avec lesquels on était toujours disposé à les confondre. Il pensa que le savant ferait peut-être plus d’impression que le religieux sur ces esprits sceptiques, mais pleins de fatuité littéraire. Profondément versé dans les mathématiques et la géographie, qu’il avait étudiées à Rome sous le cé-