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90 ÉCOLE FRANÇAISE. — VIOTTI.


sien plusieurs nuances. On peut remarquer dans ses compositions trois époques principales. Nous examinerons à la fois son style comme compositeur et son style comme exécutant, parce que l’un étant la traduction de Tautre, on doit les juger ensemble.

Œuvres de la première époque.
Œuvres de la seconde époque.

"Dans la première époque, l’ardeur bouillante de la jeunesse, que la réflexion n’avait point encore tempérée, livrait Viotti à tous les écarts, en même temps qu’à tous les heureux essais de l’indépeudance. Ses premiers concertos et ses premiers trios montrent de toutes parts cette fougue d’imagination qui dépasse le but, en visant plus à étonner qu’à plaire. Il faut cependant en compter plusieurs morceaux, et principalement son troisième concerto en la majeur[1] qui sera toujours un modèle de grâce et de majesté. Mais c’est à son dix-septième, en ré mineur, et à son dix-huitième en mi mineur, qu’il adopta cette forme dramatique, dont l’effet inattendu fut si imposant, lorsque Rode, son élève et son digne interprète, fit entendre ces deux concertos en 1791, avec tout le charme et toute la pureté qui distinguent son talent. Le tutti du dix-huitième fut applaudi comme une des belles symphonies d’Haydn, que l’on exécutait dans leur nouveauté aux mêmes concerts. Alors seulement, on connut le violon dans toute sa beauté, avec toute son éloquence, et le génie de Viotti, semblable au soleil, vivifia, féconda de ses rayons tous les talents qui ont brillé depuis. Jamais plus d’élévation, plus de grandeur, plus d’entraînement n’avait été associé à plus de grâce. Ces concertos, d’un caractère si noble et si pathétique, exaltent l’âme, il est impossible de ne pas y attacher un

  1. Ce concerto, le troisième dans l’ordre des numéros, a été composé le premier.