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102 XII.
RODE, KREUTZER ET LAFONT.

Parmi les élèves de Viotti, il en est un qui seul valut toute une école. J’ai déjà nommé Rode, talent fin, délicat, brillant, qui rappelait souvent celui du maître sous lequel il s’était formé.

Rode, Jacques-Pierre-Joseph, naquit à Bordeaux, le 16 février 1774.

A l’âge de huit ans, il commença l’étude du violon sous la direction de Fauvel, élève de Gervais. Ce dernier était élève lui-même d’Ignace Fraenzl à qui Chrétien Cannabich avait transmis les principes de Stamitz, qui fut le fondateur de la célèbre école de Manheim (1745) ; cette école, on le sait, a produit la plupart des violonistes allemands des derniers temps[1].

Arrivé à Paris en 1788, Rode, alors âgé de quatorze ans, joua un concerto de violon devant le célèbre corniste Punto qui, charmé de ses heureuses dispositions, le présenta à son ami Viotti. Ce maître l’accueillit avec le plus grand intérêt, et entreprit de perfectionner son talent par ses leçons. En 1790, ce grand artiste le fit débuter au théâtre de Monsieur dans l’entr’acte d’un opéra italien : Rode y joua le treizième concerto de son maître. L’année suivante, il exécuta au théâtre Feydeau, pendant les concerts de la semaine sainte, les 3° 13° 14° 17° et 18° concertos de Viotti. La beauté de cette dernière composition fut vive-

  1. Voir chapitre VIII.