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MUSIQUE INSTRUMENTALE. 7

parties de chant à l’unisson, soit sur les instruments à archet, soit sur l’orgue ou l’épinette, soit enfin sur les instruments à vent, tels que les hauthois, (lûtes, cornets ou cromornes ; car chaque genre d’instrument était alors divisé en dessus, haute-contre, ténor et basse. Ces divers systèmes s’appelaient les instruments tant hauts que bas. Les Ricercari et les airs de danse pour quatre, cinq et six violes[1], composaient donc toute la musique instrumen-

  1. Les violes représentent cette classe d’instruments à archet, qui consistait en une caisse sonore, formée de deux tables réunies par des côtés minces, appelés éclisses, lesquels étaient déprimés vers le milieu de leur longueur, comme le corps de la guitare. Cette classe, dit Fétis, dont le type est dans le Grouth trithant du VIe siècle, et qu’on désignait par les noms de vielle et de viole, appartient à un art plus perfectionné que le rebec. Dès la fin du XIe siècle, ou aperçoit les vielles ou violes sur les monuments. Les plus anciennes représentations de cette espèce nous font voir ces instruments montés de quatre cordes. Au XIIIe siècle, beaucoup de violes ont cinq cordes dans les monuments qui les représentent.
    Le rebec différait essentiellement de la viole ; c’est la rubèbe ou rebelle du moyen âge, laquelle n’eût d’abord qu’une corde ou deux, comme le rébab populaire des Arabes. Le rebec était étroit vers le manche, et s’élargissait progressivement en s’arrondissant vers son extrémité inférieure. Sa forme était celle d’une des petites variétés du luth, modifiée par un cordier plus ou moins allongé, par un chevalet et par l’archet qui mettait les cordes en vibration. La plus ancienne représentation d’un instrument de ce genre a été extraite par l’abbé Gerbert d’un manuscrit qui appartient au commencement du IXe siècle : il n’est monté que d’une corde. Des ouïes sermi-circulaires sont percées dans la table, et la corde est posée sur le chevalet ; une partie du manche paraît plus élevée que la table. Dans les siècles suivants, les monuments nous offrent des représentations des instruments des deux genres, c’est-à-dire, ou dans la forme plus ou moins modifiée du Crouth trithant à trois cordes (violes), ou dans celle qui se rapproche des variétés du luth (rebec). Les instruments de cette dernière espèce n’ont que deux ou trois cordes ; quand le peintre ou le sculpteur leur en donne quatre, c’est par inadvertance ; car il y a beaucoup d’inexactitudes, soit dans les représentations des instruments, soit dans la manière dont leurs noms sont écrits. La rubèbe appartenait à ce genre ; Jérôme