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10 HOTTMANN
temps parmi les musiciens, et Jean Rousseau leur consacra les lignes suivantes dans sa Dissertation sur l’origine de là viole, placée en tête de son Traité de la viole[1] (Paris, 1687, in-8°) : « Les premiers hommes qui ont excellé en France dans le jeu de la viole ont été Messieurs Maugard [sic) et Hottman; ils estoient également admirables, quoy que leurs caractères fussent différents ; car le premier avait tant de science et d’exécution, que sur un sujet de cinq ou six notes qu’on lui donnait sur le champ, il le diversifiait en une infinité de manières différentes, jusqu’à épuiser tout ce que l’on pouvait y faire, tant par accords que par diminutions ; et le second est celui qui a commencé en France à composer des pièces d’harmonie réglées sur la viole, à faire de beaux chants, et à imiter la voix, en sorte qu’on l’admirait souvent davantage dans l’exécution tendre d’une petite chansonnette que dans les pièces les plus remplies et les plus sçavantes, etc., etc.[2]" Jean Rousseau cite

  1. Ce traité, qui renferme des explications sur ia manière de placer la viole et de tenir l’archet, nous fournit encore quelques renseignements précieux. Jean Rousseau, son auteur, était élève de Sainte-Golombe, et lui dédia son livre ; il parle donc avec connaissance de cause lorsqu’il écrit : "C’est à Monsieur de Sainte-Colombe que nous sommes obligez de la septième chorde qu’il a ajoutée à la viole..., c’est luy enfin qui a mis les chordes filées d’argent en usage en France..., etc. » Fétis est tombé dans l’erreur en dépouillant cet artiste de l’invention de la septième corde et des cordes filées, pour en donner l’honneur à Marais, autre élève de Sainte-Colombe. (Biog. des Musiciens, art. Marais.)
  2. Dans cette dissertation, Jean Rousseau dit que "comme la viole est le plus parfait de tous les instruments, parce qu’elle approche plus près du naturel qu’aucun autre, on peut juger que si Adam avait voulu faire un instrument, il aurait fait une viole, et, s’il n’en a pas fait, il est facile d’en donner les raisons." Rousseau continue à divaguer en expliquant ces fameuses raisons, et en parlant de la musique des Egyptiens, des Hébreux, des Grecs et des Romains ; tout cela pour faire remonter l’origine de son instrument favori jusqu’aux temps les plus reculés.