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16 LETTRE DE MAUGARS SUR LA MUSIQUE EN ITALIE.

"Après ces deux icy[1], je n’en ay point veu dans l’Italie qui mérite d’estre mis en parangon avec eux. Ils sont bien dix ou douze gui font merveille du violon, et cinq ou six autres pour l’archiluth, n’y ayant autre différence de l’archiluth d’avec la thuorbe, sinon qu’ils font monter la seconde et la chanterelle en haut, se servant de la thuorbe pour chanter, et de l’archiluth pour toucher avec l’orgue, avec mille belles variétez, et une vitesse de main incroyable.
"La lyre[2] est encore en recommandation parmi eux : mais je n’en ay oüy aucun qui fut à comparer à Ferabosco d’Angleterre[3]

  1. Il s’agit de Frescobaldi et de Horatio de Parme (Voir plus loin).
  2. La lyre, dont parle Maugars, était un instrument dans le genre de la viole ; elle était montée de quinze à vingt-deux cordes, lesquelles reposaient sur un chevalet bas et droit, ce qui permettait de former des accords en touchant trois ou quatre cordes d’un seul coup d’archet. On ajoutait quelquefois un second manche pour recevoir des cordes basses, comme cela se pratiquait au théorbe et même à la viole, quoique beaucoup plus rarement. Les italiens se servaient d’une lyre montée de onze cordes dont on jouait à bras comme du violon ; mais la lyre de France était appelée lyre à jambe, parce qu’on la plaçait entre les jambes pour en jouer. «Le son de la lyre est fort languissant et propre pour exciter à la dévotion et pour faire rentrer l’esprit dans soi-même ; l’on en use pour accompagner la voix et les récits… Il n’y a peut-être nul instrument qui représente si bien la musique d’Orphée et de l’antiquité.» (Mersenne).
  3. Ferabosco (Alfonsa) naquit à Greenwich (Angleterre), dans la seconde moitié du seizième siècle. Les auteurs anglais qui l’ont cité dans leurs écrits, l’ont considéré comme le fils d’Alfonsa Ferabosco, musicien italien, qui s’établit en Angleterre vers 1540. Fétis dit que le fait ne parait pas certain ; mais ce que Maugars écrit un peu plus loin, lève tout espèce de doute à cet égard et donne raison aux écrivains anglais. Ferabosco a composé la musique d’un grand nombre de masques, sorte de divertissements dramatiques en usage en Angleterre à cette époque et des Lessons for 1, 2 and 3 viols. Il mourut avant 1665, car Simpson, dans son