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20 BALTAZARINI, CONSTANTIN, DUMANOIR.
désire acquérir de la réputation dans Rome, soit bien ferré ; d’autant qu’ils ne croyent pas que nous soyons capables de traitter un sujet à l’improviste. Et certes, tout homme qui touche un instrument, ne mérite pas d’être estimé excellent, s’il ne le sait faire, et particulièrement la viole, qui estant de soy ingrate, à cause du peu de chordes, et de la difficulté qu’il y a de toucher des parties, son propre talent est de s’égayer sur le subjet présenté, et de produire de belles inventions et des diminutions agréables. Mais deux qualitez essentielles et naturelles sont très- nécessaires par cet effet : avoir l’imagination vive et forte, et une vistesse de main pour exécuter promptement les pensées ; c’est pourquoi les naturels froids et lents ne réussiront jamais bien. » On me pardonnera, je l’espère, la longueur de cette citation, en faveur des détails intéressants qu’on vient de lire sur l’art de jouer des instruments à archet en Italie au XVIIe siècle.
Jusqu’ici, nous n’avons vu que la viole entre les mains des virtuoses.
Avec Baltazarini, dit Beaujoyeux (1582), le violon avait fait son entrée définitive dans les grandes représen- tations de cour ; mais il n’est encore que l’instrument des musiciens médiocres et des ménétriers.
Violonistes Français du XVIIIe siècle.
Suivant Mersenne, c’est au commencement du XVIIe siècie. siècle que les Français se distinguèrent comme violonistes. Il parle avec éloge du jeu élégant de Constantin, roi des violons (1) (auquel succéda Dumanoir), de l’enthousiasme


(1) Il y avait alors un roi des violons, chef suprême des musiciens, qui tenait les professeurs et même les amateurs sous sa dépendance. 11 fallait obtenir des licences de ce souverain, lui payer un impôt annuel, être reçu maître à danser, afin de pouvoir exercer librement son talent en public ou dans les sociétés. Le roi