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56 TARTINI. — SES COMPOSITIONS.

Depuis 1722 jusqu’à sa mort, c’est-à-dire dans l’espace de quarante-huit ans, il conserva sa place de premier violon à Féglise Saint-Antoine de Padoue ; mais dans les dernières années, il n’en remplissait plus les fonctions. Cette place ne lui rapportait que quatre cents ducats (environ 1,600 fr.), mais il n’était obligé de jouer qu’à quelques grandes fêtes chaque année. On assure cependant qu’il allait tous les dimanches à la cathédrale de Padoue jouer sa sonate dite l’Imperator (1).

Célèbre sonate du Diable.

Tartini n’a pas moins contribué au perfectionnement de l’art de jouer du violon par ses compositions pour cet instrument, que par les élèves qu’il a formés. Son style est en général élevé, ses idées ont de la variété, et son harmonie a de la pureté sans sécheresse. Le nombre de ses concertos publiés ou manuscrits, s’élève k près de cent cinquante. En voici l’analyse donnée par Ginguené : "On sait que ce grand homme fit une double révolution dans la composition musicale et dans l’art du violon. Des chants nobles et expressifs, des traits savants mais naturels et dessinés sur une harmonie mélodieuse, des motifs suivis avec un art infini, sans l’air de l’esclavage et du pédantisme, que Corelli lui-même, plus occupé du contre-point que du chant, n’avait pas toujours évité ; rien de négligé, rien d’affecté, rien de bas ; des chants auxquels il est impossible de ne pas attacher un sens, et où l’on s’aperçoit à peine que la parole manque : tel est le caractère des concertos de Tartini." (Voyez l’encyclopédie, art. concertos.) Il y a aussi de lui environ cinquante sonates au nombre desquelles est la fameuse Sonate du Diable. Cette sonate

(1) Woldemar a publié cet adagio : Prière à saint Antoine de Padoue dans son op. 40 : quatre grands solos ou études pour le violon, etc. Voir chap. XV.