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78 ECOLE FRANCAISE. — LECLAIR.

airs de danse ; l’accompagnement du chant se faisait par le petit chœur où, à l’exception de MontecIair[1], il n'y avait que des hommes d’un mérite très-inférieur à celui de Leclair, tels que Favre, les deux Daudry et les deux Francœur. Mais à cette époque, et longtemps après encore les meilleurs emplois et les meilleurs appointement : étaient donnés à l’ancienneté plutôt qu’à l’habileté, dans l'orchestre de l'Opéra. Leclair profita de son arrivée à Paris pour étudier la composition, sous la direction de Chérot qui, depuis lors, fut d’abord accompagnateur au clavecin puis chef d’orchestre de l’Opéra. En 1731, Leclair entra dans la musique du roi : mais une discussion qu’il eu ensuite avec Guignon, pour la place de chef des seconds violons de cette musique, lui fit solliciter son congé. Vers le même temps, il se retira aussi de l’Opéra, et c’est alors qu’il amassa une fortune modeste par ses leçons et par la vente de ses compositions, qu’il faisait graver par sa femme.

Influence de Locatelli sur la manière Leclair

Influence de Leclair sur les progrès de l'école française.

Leclair était un véritable artiste de cœur ; on en a la preuve par le voyage qu’il fit en Hollande pour entendre Locatelli, quoiqu’il ne fût déjà plus jeune. Les nouveautés que lui fit connaitre le violoniste italien ne furent pas sans influence sur son goût : on en remarque des traces dans l’œuvre posthume de ses sonates, publié par sa femme. Ce fut peu de temps après son retour de Hollande que Leclair, rentrant chez lui à 11 heures du soir, fut assassiné près de sa porte, le 22 octohre 1764 : l’auteur de ce crime jamais été découvert. Cet artiste exerça dans son temps la plus heureuse influence sur les progrès de l’école fran-

  1. Monteclair publia la première méthode de violon en français en 1712. On voit dans cette méthode que la limite du violon était alors fixée à l'ut au-dessus de la portée, et les plus timides arpéges sont considérés comme de réelles difficultés.