Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Choses vues, tome II.djvu/229

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28 juin. — Les journaux arrivent. Ernest Lefèvre vient d’être arrêté.


5 juillet. — Émile Allix est arrivé. Les nouvelles de Victor que nous donne Émile Allix sont de plus en plus rassurantes.


30 juillet. — Beau temps. Nous partons ce matin.


Paris, 31 juillet. — Je suis descendu 55, rue Pigalle.

Après le déjeuner je suis parti pour Auteuil, villa Montmorency. Sur le perron du no 2, il y avait Alice qui m’attendait, et Georges et Jeanne. J’ai donné à ces deux anges un chariot et une poupée et j’ai profité de leur éblouissement pour embrasser Victor qui était dans le salon à côté. Mon bien-aimé Victor a la voix forte et l’œil bon, et j’espère.


8 août — Hier soir, Mme Edmond Adam est venue avec son gendre et sa fille. Elle voulait me parler de Rochefort, qui, dit-on, va partir pour Nouméa par le navire de guerre la Virginie. — On n’espère plus qu’en vous, m’a-t-elle dit. J’ai répondu : — Je ferai ce qu’on voudra.

Ce matin. Mme Edmond Adam m’écrit que le départ est décidé. Je me suis mis immédiatement à écrire au duc de Broglie[1].

Nous avons dîné comme d’ordinaire chez Victor. Victor me paraît soutenir le mieux.


9 août. — Mme Edmond Adam m’écrit qu’elle part avec son mari pour dire adieu à Rochefort qui est embarqué.

Ma lettre arrivera-t-elle à temps ?


11 août. — Je reçois la réponse de M. de Broglie au sujet de Rochefort. C’est une fin de non-recevoir.


12 août. — Rochefort est parti. Il ne s’appelle plus Rochefort. Il s’appelle le no 166.

Après le dîner sont venus M. et Mme Edmond Adam amenant les enfants de Rochefort, Octave et Noémie, tout en deuil. Je les ai embrassés. Je leur ai dit : — Vous reverrez votre père.


13 août. — Ce matin Edmond Adam a vu Thiers qui lui a dit : — Comme

  1. Président du Conseil des ministres. Voir Actes et Paroles, Depuis l’exil. (Note de l’éditeur.)