Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Choses vues, tome II.djvu/383

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Apportez le plus d’épreuves du livre que vous pourrez. Je n’ai encore que le compartiment la science, moins Louis Blanc et Pelletan que j’avais dit en effet de ne pas m’envoyer, et que je ne dois pas lire, ayant effleuré les mêmes sujets. M. Ulbach avait raison, ce sont des épreuves et non des bonnes feuilles qu’il faudrait m’envoyer.


Lacroix avait répondu ; il acceptait les conditions de Victor Hugo, mais il faisait quelques réserves au sujet de la publication de l’Introduction en plaquette dont il voulait conserver l’entière propriété, s’opposant à ce qu’elle fut jointe aux œuvres complètes avant une durée de douze ans.

Victor Hugo lui répond :


H.-H. 19 mars. [1867.]

Vous le voyez, mon honorable et cher éditeur, nous entrons dans les malentendus. Je persiste à croire qu’une conversation eût mieux valu, et que votre absence de cinq jours, en nous permettant de tout résoudre de vive voix, eût fait gagner bien du temps. Précisons et répondez-moi, je vous prie, catégoriquement.

Ire erreur de votre part. — Dans la lettre-traité, écrite de votre main, et entre nous échangée le 7 octobre, il y a ceci que je transcris : (relisez votre texte)

— Moyennant ces conditions, etc., vous nous cédez, etc., sans préjudice de votre droit de joindre quand bon vous semblera, ce travail à vos œuvres complètes. —

Or ce droit, j’entends absolument le maintenir, cher monsieur Lacroix, et je ne puis, en aucun cas, y renoncer, et m’exposer à décompléter, pour le mince intérêt de ces quelques feuilles, les éditions de mes œuvres complètes. Que ceci soit donc hors de discussion.

2e erreur. — Vous continuez à m’envoyer les bonnes feuilles au lieu des épreuves. Or je ne puis vous livrer ma préface que lorsque je connaîtrai le volume entier (relisez ma lettre d’il y a quatre mois à ce sujet). Sur trois pages et demie de table des matières, je ne connais qu’une page (moins L. Blanc et Pelletan) jusqu’à M. Paul Mantz. J’ignore donc les cinq septièmes du volume. Vous envoyer la préface est impossible. Hâtez-vous de m’expédier le reste du livre en épreuves. Immédiatement après, vous aurez la solution. Mais seulement après que j’aurai tout lu.

3e. Je pourrais, en me gênant, consentir au paiement en deux termes (non trois), 1er à la remise du manuscrit, 2e un mois après. Mais il faudrait d’abord qu’il fût bien entendu entre nous qu’aucune édition séparée de ce travail ne sera faite par vous que de mon consentement, ce qui a toujours été convenu, et que, dans aucun cas, aucun journal ou recueil ne pourra publier cette introduction avant qu’elle ait paru dans le Livre Paris-Guide. — S’il y avait à retrancher quelques mots, une édition séparée complète serait, de droit, publiée en Belgique.

Je vous réponds courrier par courrier. Faites de même. Gagnons du temps. Mille bien affectueux compliments.


Lacroix souscrivait à toutes les observations de la lettre du 19 mars. Victor Hugo exprimait un dernier desideratum. La fin ne lui avait pas été envoyée, et il tenait à la connaître avant de livrer sa préface. Il en avertit Louis Ulbach :


9 avril.

Que de choses, mon excellent et cher confrère, je voudrais vous dire. M. Lacroix vous envoie-t-il mes lettres ? Avez-vous reçu la dernière ? Obtenez, je vous prie, qu’il m’envoie en placards les huit ou dix feuilles de la fin. Vous avez été le premier à comprendre mes scrupules, vous si expert dans les questions de dignité, et vous ferez comprendre à M. Lacroix qu’il faut que je lise le livre tout entier. Je m’adresse à votre noble et délicat esprit.


C’était le 9 avril, et le Paris-Guide aurait dû déjà paraître puisque l’Exposition universelle s’ouvrait en mai ; le pauvre Lacroix était surmené, agité, inquiet ; et puis ces derniers placards que Victor Hugo réclamait, il ne les avait pas. L’impression n’était pas achevée, et vers