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LE CHEF DES ENVOYÉS HOLLANDAIS.
Les états généraux des Provinces-Unies,

Libres ainsi que vous, comme vous protestants,
Vous demandent la paix.

CROMWELL, rudement.
Messieurs, il n’est plus temps.
D’ailleurs le parlement de cette république

Vous trouve trop mondains dans votre politique,
Et ne veut pas sceller des traités fraternels

Avec des alliés si vains et si charnels !
Il fait un geste, et les flamands se retirent. Alors il paraît apercevoir pour la première fois don Luis de Cardenas, qui jusque-là s’est épuisé en vains efforts pour être remarqué.
Hé, bonjour donc, monsieur l’ambassadeur d’Espagne !

Nous ne vous voyions pas !

DON LUIS DE CARDENAS, cachant son dépit sous une profonde révérence.
Que Dieu vous accompagne,
Altesse ! nous venons, pour un haut intérêt,

Réclamer la faveur d’un entretien secret.
Nous sommes divisés par la guerre de Flandre,
Mais le roi catholique avec vous peut s’entendre.
Et pour montrer l’état qu’il fait de vous encor.

Mon maître à votre altesse offre la Toison d’or.
Les pages porteurs de la Toison d’or s’approchent.

CROMWELL, se levant indigné.
Pour qui me prenez-vous ? Qui ? moi ! le chef austère

Des vieux républicains de la vieille Angleterre,
J’irais, des vanités détestable soutien,
Souiller ce cœur contrit d’un symbole payen !
On verrait, sur le sein du vainqueur de Sodome,
Pendre une idole grecque au rosaire de Rome !
Loin ces tentations, ces pompes, ce collier !
Cromwell à Balthazar ne veut pas s’allier !

DON LUIS DE CARDENAS, à part.
L’hérétique !
Haut.
C’est vous que le roi catholique,
Le premier, reconnut chef de la république!