Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/164

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À travers les grands cieux et leurs plaines d’azur,
La mouche de l’Égypte et l’abeille d’Assur !
Non ! quand tu me ferais colonel dans l’armée !

CROMWELL, à part.

On ouvre mal de force une bouche fermée.

Ne l’essayons pas !
À Carr en lui tendant la main.
Carr ! nous sommes vieux amis.
Comme deux bornes, Dieu dans son champ nous a mis...
CARR.
Cromwell pour une borne a fait du chemin !
CROMWELL.
Frère,
À d’imminents dangers tu viens de me soustraire.

Je ne l’oublierai point. Le sauveur de Cromwell...

CARR, brusquement.
Ah ! pas d’injures ! — Carr n’a sauvé qu’Israël.
CROMWELL, à part.
Ah ! sectaire arrogant, qu’il faut que je ménage !
Caresser qui me blesse ! à mon rang, à mon âge !
À Carr humblement.
Que suis-je ? un ver de terre.
CARR.
Oui, d’accord sur cela !
Tu n’es pour l’Éternel qu’un ver, comme Attila ;

Mais pour nous, un serpent ! — Veux-tu pas la couronne ?

CROMWELL, les larmes aux yeux.
Que tu me connais mal ! La pourpre m’environne.

Mais j’ai l’ulcère au cœur. Plains-moi !

CARR, avec un rire amer.
Dieu de Jacob !
Entends-tu ce Nemrod qui prend des airs de Job ?