Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/232

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Haut.
Messieurs les conseillers de mon gouvernement,
Prenez séance tous, et prions un moment.
Il s’agenouille, tous les conseillers en font autant. Après quelques instants de méditation, le Protecteur se relève et s’assied ; tous suivent son exemple. Il continue avec un profond soupir.
Messieurs, — pour gouverner j’ai bien peu de mérite !

Mais le Seigneur, qu’enfin ma résistance irrite,
Inspire au parlement d’agrandir mon devoir,
En m’accablant encor d’un surcroît de pouvoir.
C’est pourquoi j’ai donné l’ordre qu’on vous assemble
Afin de conférer et de parler ensemble.
Sied-il d’élire un roi, d’abord ? — Dois-je être élu ? —
Donnez sur ces deux points votre avis absolu.
Que chacun à son rang expose son système.
Je parle franchement, expliquez-vous de même.
Le comte de Warwick est le plus éminent
D’entre vous. Qu’il commence. — Écoutez maintenant,
Monsieur Milton.

LE COMTE DE WARWICK, se levant.
Mylord, rien n’égale sur terre
Votre foi, votre esprit, votre haut caractère.

Et, pour accroître encor votre éclat personnel,
Vous tenez des Warwick du côté maternel.
Votre noble écusson porte le même heaume.
Or, comme il faut toujours un roi dans un royaume,
Votre altesse vaut mieux qu’un maître de hasard.

Certe, un Rich peut régner aussi bien qu’un Stuart.
Il se rassied.

CROMWELL, à part.
Il n’est que d’être heureux pour grossir sa famille !

Cromwell obscur n’est rien : — que sur le trône il brille.
Les Rich sont ses aïeux, ses cousins, ses parents.

Oui, ce sont mes aïeux, — depuis bientôt quatre ans.
Haut.
À votre tour, Fletwood.
LE LIEUTENANT GÉNÉRAL FLETWOOD, se levant.
Mylord, la république ! —
Mon beau-père, avec vous, nettement je m’explique.