Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/277

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CROMWELL, lui arrachant son chapeau.
Donnez ! merci. —
Il fouille précipitamment dans le chapeau, et en tire la dépêche royale qu’il déploie et lit avec avidité. — Il entrecoupe sa lecture d’exclamations de triomphe.
Fort bien !
Le Chapelain du Diable est Rochester ! — La chose

Est fort bien arrangée. À merveille ! — On suppose
Qu’il n’est point malaisé de me fermer les yeux.

On me trompe, on m’endort, on me prend : — c’est au mieux.
À Davenant.
Rien ne doit égaler vos tragi-comédies.
Si vos pièces, monsieur, valent vos perfidies.
À Thurloë qui entre.
Thurloë, que monsieur soit conduit à la Tour.
Thurloë sort et revient accompagné de six mousquetaires puritains, au milieu desquels Davenant consterné se place sans résistance. Cromwell le congédie avec un rire amer et ironique.
Charles vous a coiffé, je vous loge à mon tour.

Le ciel vous tienne en joie !

DAVENANT, à part.
Ô dénoûment sinistre !
Il sort avec les gardes.
THURLOË, à Cromwell.
Mylord, le parlement, auquel un saint ministre

A fait, selon notre ordre, une exhortation,
Apporte divers bills à votre sanction.
Notamment l’humble adresse ou loi, qui vous confère
La couronne.

CROMWELL.
Qu’il entre.
Thurloë sort.
Seul.

Ah ! ténébreuse affaire ! —
Par leur propre artifice il faut qu’ils soient perdus.
Je veux les prendre eux-même aux rets qu’ils m’ont tendus.
Il regarde tour à tour le parchemin de Rochester
et le message de Davenant.
Maintenant je tiens tout dans ma main. —
Faisant le geste de fermer violemment ses deux mains.