Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/284

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CROMWELL, à part.
Ce Charles !… —
Haut.
Vous avez, monsieur, trop de mémoire !
Obéissez.
Thurloë baisse la tête, sort, et revient suivi de valets, qui dressent un lit et apportent deux flambeaux. Cromwell, qui est resté silencieux, se rapproche de Thurloë immobile, quand les valets sont sortis.
D’ailleurs, quand la nuit sera noire,
Si ces lieux ont un spectre, il ne m’y verra pas.
Serrant la main de Thurloë, et lui montrant le lit préparé.
Ce lit n’est pas pour moi.
THURLOË, surpris.
Qui donc ?

CROMWELL, à demi-voix.
Parle plus bas.
Il ne craint point, celui pour qui ce lit s’apprête.

Les fantômes de rois et les spectres sans tête.

THURLOË.
Mais quel secret ?
CROMWELL.
Tais-toi. — Faites ce qu’on vous dit,
Vous saurez tout plus tard.
THURLOË, à part.
Je demeure interdit.
C’est ainsi qu’il se sert de nous. Toujours nous taire !

Exécuter ses plans, sans savoir le mystère ;
Tantôt être muet, sourd, aveugle ; et tantôt

Avoir cent yeux, cent voix, et cent bras, s’il le faut !
Haut à Cromwell.
Mylord, pardon, si j’ose... Un péril vous menace,
Quel est-il ?
Montrant le lit.
Et qui doit prendre ici votre place ?