Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/329

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SIR WILLIAM MURRAY.
S’imagine-t-il donc que régner est facile ?

Lui roi ! je n’en ferais pas même un courtisan.

CROMWELL.
Vous auriez bien raison !
SIR WILLIAM MURRAY.
Il a, convenons-en,
Peut-être du talent pour bien brasser la bière.

A-t-il droit de porter bassinet et gambière.
Seulement ? Tout au plus. Noblesse de canton.
Son nom même vaut-il le nom de son Milton ?

CROMWELL, à part.
Insolent !
SIR WILLIAM MURRAY.
Au lieu d’être un brasseur qu’on renomme,
Cela va s’aviser de faire le grand homme,

De trancher du tyran, de singer les héros !
Sont-ils pas amusants, ces petits hobereaux ?
Il apprit à brider le peuple, à dompter l’hydre,
À gouverner le monde, — en distillant du cidre !

CROMWELL, à part.
Drôle !
SIR WILLIAM MURRAY.
Et, parce qu’il fut servi par le hasard,
Il se croit un Capet, un Moïse, un César !

Ce qui me confond, moi, c’est qu’un Warwick descende
À traiter de cousin ce roi de contrebande !

CROMWELL, à part.
Caméléon ! rampant hier encor devant moi !
SIR WILLIAM MURRAY, comme frappé d’une idée subite.
Ah çà, je suis moi-même un peu bien simple !
CROMWELL.
Quoi ?