Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/335

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Où, livrés au plaisir qui dans ces lieux fourmille,
Se ruinaient gaîment les aînés de famille ?
Les priver de ce droit, n’est-ce pas illégal ?
Sournois, haineux, féroce, économe, frugal.
C’est un monstre ! Par vous l’Angleterre respire.
Votre bras généreux la délivre du pire
Des tyrans que l’enfer jamais puisse enfanter ! —
Ce que je vous en dis n’est pas pour vous flatter !

CROMWELL.
J’en suis bien convaincu.
MANASSÉ, haussant les épaules et regardant Cromwell en dessous,
à part.
Ces machines de guerre !
L’encens le plus grossier ravit ce cœur vulgaire !
CROMWELL, à part.
Que de masques cachaient ce visage odieux !
Faisons-les tous tomber tour à tour sous mes yeux.
Haut.
À propos, dis-moi donc, juif, ma bonne aventure.
MANASSÉ, s’inclinant.
Que je vous montre ici votre grandeur future !
Mais, seigneur caporal, c’est pour moi trop d’honneur.
À part.
Un maraud de soldat !
Vous marchez au bonheur.
À part.
C’est voir une chandelle avec un télescope !
Haut.
Allons, soit, doux seigneur ; tirons votre horoscope.

C’est ce que nous nommons, dans un latin poli,

Faire une expérience in anima vili.
À part.

On peut rire en latin au nez de cet ignare.
Haut.
Livrez-moi votre main. — Il faut que je vous narre…