Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/367

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE QUATRIÈME OUVRIER.
Un vrai fils d’Ève,
Qui marche aveuglément sur le tranchant du glaive !
NAHUM, reprenant.
Et qui, pilier de l’arche, arc-boutant de Babel,

Pose un pied dans l’enfer et l’autre dans le ciel !

TOM.
Chut ! il nous chasserait, s’il venait à connaître

Que nous le traitons, lui, comme il traite son maître.

Le voici ; taisons-nous.
Entre Barebone. Tous les ouvriers se remettent silencieusement à l’ouvrage. Le seul Nahum reste immobile, les jeux attachés sur la vieille bible usée qu’il tient ouverte.
SCÈNE II.
Les Mêmes, BAREBONE.
BAREBONE, jetant un coup d’œil sur les travaux de ses ouvriers.
Mais voilà qui va bien. —
Aux ouvriers.
Je suis content de vous. Il ne reste plus rien
À faire, en vérité !
À part.
Je suis au fond de l’âme
Ravi qu’ils aient sitôt fini cette œuvre infâme.

Nos conjurés, qui vont venir, pourront du moins
Tenir conseil ici sans gêne et sans témoins,
Reconnaître les lieux, et voir par quelle voie
On peut d’un coup plus sûr frapper Noll dans sa joie.
Quel bonheur, pour entrer chez le tyran proscrit.
Que je sois tapissier de ce même antechrist ! —

Congédions-les tous, vite. —
Haut aux ouvriers.
Allez, mes chers frères ;
À l’esprit tentateur soyez toujours contraires.

Aimez votre prochain, et même le méchant.