Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/395

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Hélas ! à Cromwell roi Cromwell héros s’immole,
Et pour le diadème il quitte l’auréole.
Des plus sublimes fronts ô rare abaissement !
Cromwell veut être prince ! Il donne avidement
Sa gloire pour un rang et son nom pour un titre !

GRAMADOCH, bas à Trick.
Il ne prêche point mal, pour n’avoir pas de mitre !
MILTON, continuant.
Qu’il m’est dur de haïr cet archange mortel

Dont j’eusse écrit le nom aux pierres d’un autel !
Comme il nous a bercés d’une erreur décevante,
L’homme en qui j’adorais la vérité vivante !
Ah ! pour jamais ici je viens te dire adieu,
Roi fatal, révolté contre le peuple et Dieu !
Prends donc la royauté de César et de Guise.

La couronne se dore et le poignard s’aiguise.
Il se retire dans un coin du théâtre, au côté opposé à la loge des fous,
et demeure immobile.
SCÈNE IX.
Les Mêmes, peuple. Puis RICHARD WILLIS, puis OVERTON, SYNDERCOMB, et les conjurés puritains.

Entre un groupe de gens du peuple, hommes, femmes, vieillards, en habits puritains. Tous semblent appartenir à diverses professions. On distingue au milieu d’eux un vieux soldat réformé. — Ils arrivent en tumulte et avec précipitation ; les premiers entrés appellent ceux qui les suivent et leur crient :

Par ici !

MILTON, à son page.
Qui vient là ?

LE PAGE.
Des gens du peuple.

MILTON, amèrement.
Ah oui !
Le peuple ! — Toujours simple et toujours ébloui.