Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/91

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C’est un des conjurés que Barksthead nous envoie.
Ce Carr est un sectaire, un vieil oiseau de proie.
Dans la rébellion, assisté de Strachan,
Du camp parlementaire il sépara son camp.
Le parlement le fit mettre à la tour de Londre.
Mais, monsieur Davenant, ce qui va vous confondre,
C’est qu’il maudit Cromwell d’avoir par trahison
Dissous le parlement, qui le mit en prison.


DAVENANT, bas.

Est-il indépendant de l’espèce ordinaire ?
Ranter ? socinien ?


LORD ORMOND, bas.

Non, il est millénaire.

Il croit que pour mille ans les saints vont être admis
À gouverner tout seuls. — Les saints sont les amis !

CARR, qui a paru absorbé dans une sombre extase.

Frères, j’ai bien souffert ! — On m’oubliait dans l’ombre.
Comme des morts d’un siècle en leur sépulcre sombre.
Le parlement, qu’hélas ! j’ai moi-même offensé,
Par Olivier Cromwell avait été chassé ;
Et, captif, je pleurais sur la vieille Angleterre,
Semblable au Pélican, près du lac solitaire ;
El je pleurais sur moi ! Par le feu du péché
Mon front était flétri, mon bras était séché ;
Je ressemblais, maudit du Dieu que je proclame,
À du bois à demi consumé par la flamme.
Hélas ! j’ai tant pleuré, membres du saint troupeau.
Que mes os sont brûlés et tiennent à ma peau.
Mais enfin le Seigneur me plaint et me relève.
Sur la pierre du temple il aiguise mon glaive.
Il va frapper Cromwell, et chasser de Sion
La désolation de la perdition !


LORD ROCHESTER, bas à Davenant.

Sur mon nom ! la harangue est fort originale !


CARR.

Je reprends parmi vous ma robe virginale.