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DEPUIS L’EXIL. — PARIS.

cette lumière. La France est un besoin de l’univers. Nous avons tous, nous français, une tendance à être plutôt hommes que citoyens, plutôt cosmopolites que nationaux, plutôt frères de l’espèce entière que fils de la race locale ; conservons cette tendance, elle est bonne ; mais rendons-nous compte que la France n’est pas une patrie comme une autre, qu’elle est le moteur du progrès, l’organisme de la civilisation, le pilier de l’ensemble humain, et que, lorsqu’elle fléchit, tout s’écroule. Constatons cet immense recul moral des nations correspondant aux pas qu’a faits la France en arrière ; constatons la guerre revenue, l’échafaud revenu, la tuerie revenue, la mort revenue, la nuit revenue ; voyons l’horreur sur la face des peuples ; secourons-les en restaurant la France ; resserrons entre nous français le lien national, et reconnaissons qu’il y a des heures où la meilleure manière d’aimer la patrie, c’est d’aimer la famille, et où la meilleure manière d’aimer l’humanité, c’est d’aimer la patrie.

Victor Hugo.