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BUG-JARGAL.
Je me sentis saisir par derrière. (Page 79)
Je me sentis saisir par derrière. (Page 79)

LV

Cette scène effrayante, cette lutte forcenée, son dénoûment terrible, m’avaient accablé. J’étais presque sans force et sans connaissance. La voix de Bug-Jargal me ranima.

« Frère ! me criait-il, hâte-toi de sortir d’ici ! Le soleil sera couché dans une demi-heure. Je vais t’attendre là-bas. Suis Rask.

Cette parole amie me rendit tout à la fois espérance, vigueur et courage. Je me relevai. Le dogue s’enfonça rapidement dans l’avenue souterraine ; je le suivis : son jappement me guidait dans l’ombre. Après quelques instants je revis le jour devant moi ; enfin nous atteignîmes l’issue, et je respirai librement. En sortant de dessous la voûte humide et noire, je me rappelai la prédiction du nain, au moment où nous y étions entrés :

« L’un de nous deux seulement repassera par ce chemin. » Son attente avait été trompée, mais sa prophétie s’était réalisée.

LVI

Parvenu dans la vallée je revis Bug-Jargal ; je me jetai dans ses bras, et j’y demeurai oppressé, ayant mille questions à lui faire et ne pouvant parler.

« Écoute, me dit-il, ta femme, ma sœur, est