Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/208

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Empourprant le profil du monstrueux forgeur. Et l’ouragan l’aidait, étant démon lui-même. L’Être, parlant du haut du firmament suprême, Dit : « Que veux-tu de plus ? » Et le grand paria, Levant sa tête énorme et triste, lui cria : « Le poitrail du lion et les ailes de l’aigle. » Et Dieu jeta, du fond des éléments qu’il règle, À l’ouvrier d’orgueil et de rébellion L’aile de l’aigle avec le poitrail du lion. Et le démon reprit son œuvre sous les voiles. « Quelle hydre fait-il donc ? » demandaient les étoiles. Et le monde attendait, grave, inquiet, béant, Le colosse qu’allait enfanter ce géant ; Soudain, on entendit dans la nuit sépulcrale Comme un dernier effort jetant un dernier râle ; L’Etna, fauve atelier du forgeron maudit, Flamboya ; le plafond de l’enfer se fendit, Et, dans une clarté blême et surnaturelle, On vit des mains d’Iblis jaillir la sauterelle.

Et l’infirme effrayant, l’être ailé, mais boiteux, Vit sa création et n’en fut pas honteux,