Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 2.djvu/71

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Son cou s’ouvrait, béant d’une affreuse blessure ;
Le soleil de midi brûlait l’agonisant ;
Dans la plaie implacable et sombre dont le sang
Faisait un lac fumant à la porte du bouge,
Chacun de ses rayons entrait comme un fer rouge ;
Comme s’ils accouraient à l’appel du soleil,
Cent moustiques suçaient la plaie au bord vermeil ;
Comme autour de leur nid voltigent les colombes,
Ils allaient et venaient, parasites des tombes,
Les pattes dans le sang, l’aile dans le rayon ;
Car la mort, l’agonie et la corruption,
Sont ici-bas le seul mystérieux désastre
Où la mouche travaille en même temps que l’astre ;
Le porc ne pouvait faire un mouvement, livré
Au féroce soleil, des mouches dévoré ;
On voyait tressaillir l’effroyable coupure ;
Tous les passants fuyaient loin de la bête impure ;
Qui donc eût eu pitié de ce malheur hideux ?
Le porc et le sultan étaient seuls tous les deux ;
L’un torturé, mourant, maudit, infect, immonde ;
L’autre, empereur, puissant, vainqueur, maître du monde,
Triomphant aussi haut que l’homme peut monter,